Pour ce numéro, nous avons eu la chance de rencontrer Marie-Pierre Chabot, étudiante en médecine de deuxième année à l’Université de Montréal, infirmière et mère de deux jeunes garçons! Intéressée par la médecine de famille, Marie-Pierre a fait de l’équilibre de vie son objectif principal! Nous en avons donc profité pour comprendre un peu mieux ce que signifie être maman et étudiante, ainsi que pour apprendre comment ressortir indemne de ce double défi!
Marie-Pierre commence sa longue aventure en santé dès son entrée au CEGEP. Après 2 jours en science pure, elle réalise, suite à des conversations avec d’autres étudiants, que le programme de DEC en science infirmière l’interpelle beaucoup plus que son cursus initial. Elle est en effet charmé par la rapidité à laquelle les infirmières en formation se retrouvent au contact des patients : « Participer pour vraie aux travaux de l’équipe soignante, même en première année, c’était vraiment ce que je recherchais!», dit-elle. Elle décide donc de changer de programme. Après avoir terminé son DEC en soins infirmiers, Marie-Pierre se spécialise par la suite en soins critiques dans le cadre d’un baccalauréat en sciences infirmières et de son travail aux soins intensifs, puis complète une maîtrise en science clinique sur la collaboration interprofessionnelles, tout en travaillant à temps partiel. Au même moment, toujours prête à relever de nouveaux défis, elle devient coordonnatrice des soins l’Hotel-Dieu du CHUM, un emploi surtout administratif, qu’elle intègre à une pratique éclectique en clinique, en recherche et en enseignement.
Avant son entrée en médecine, Marie-Pierre découvre à l’âge de 22 ans l’aviron. Résultat : À l’âge de 25 ans, elle participe aux championnats nationaux au sein de l’équipe québécoise. Bien qu’elle ne pratique plus ce sport en compétition, l’aviron reste toujours pour elle un passe-temps stimulant!
Je veux avoir une vie équilibrée pour être performante et donner mon 100% aux patients, tout en ayant du temps de qualité dédié à 100% à ma famille et à mon bien-être personnel. Pour pouvoir faire tout ça, la médecine familiale, c’est vraiment un choix de rêve!
C’est après un certain temps en administration des soins infirmiers que Marie-Pierre commence à envisager un changement de carrière. En effet, le fait de ne plus voir autant de patients la dérange beaucoup, et, malheureusement, aucune alternative simple ne se trouve à sa portée. Revenir à son emploi précédent ou compléter une maîtrise d’infirmière-praticienne aurait eu un fort impact sur sa qualité de vie, autant en terme de condition de travail que de perte de responsabilité et de salaire.
Alors enceinte de son premier garçon, Térence, Marie-Pierre décide d’appliquer en médecine : « La médecine, c’était accomplir un rêve fou qui me trottait dans la tête depuis longtemps. Si j’étais accepté, ça allait me permettre de faire ce que j’aime tout en me permettant une gestion plus poussée des soins aux patients!» Acceptée à l’Université de Montréal, elle entreprend son année de préparatoire en médecine tout en se faisant créditer ses cours de biostatistique et de sciences humaines, allégeant du coup son cursus et lui permettant de passer plus de temps avec sa jeune famille.
C’est pendant sa première année de pré-clinique que Marie-Pierre donne naissance à son deuxième garçon, Marquis : «C’est tout un défi, mais ça se fait très bien, il faut juste avoir une bonne organisation et savoir gérer ses études selon la pertinence de chacun des sujets et objectifs qui nous sont présentés, tout dépend de la pratique qu’on désire avoir plus tard. Savoir couper le superflu quand on manque de temps, ça s’apprend! Pour ça, mon expérience en soins infirmiers m’aide beaucoup, en plus de me permettre d’apporter de nouvelles notions plus pratico-pratique à mes collègues lors des APP».
Pour Marie-Pierre, qui désire être autonome dans sa pratique et qui aime la diversité, la Médecine de Famille est un choix très intéressant. Elle pense commencer par faire de l’urgence et des soins intensifs, ainsi que du dépannage en région; « J’aime beaucoup les régions éloignées, mais je ne me verrais pas y vivre tout le temps, surtout dans ma situation». Elle compte aussi faire dériver sa pratique vers de la prise en charge au fil des années, une transition de carrière commune chez les médecins de famille. « J’ai changé de carrière pour optimiser ma qualité de vie», ajoute-t-elle. « Je veux avoir une vie équilibrée pour être performante et donner mon 100% aux patients, tout en ayant du temps de qualité dédié à 100% à ma famille et à mon bien-être personnel. Pour pouvoir faire tout ça, la médecine familiale, c’est vraiment un choix de rêve!»
Mais avant de commencer à travailler, il faut commencer par graduer! Comment fait donc Marie-Pierre pour trouver le temps d’étudier avec deux enfants à la maison? «Il faut commencer par laisser les autres nous aider! Moi, par exemple, j’ai mon conjoint à la maison en congé de paternité qui s’occupe des enfants pour l’instant. Quand il est là, je me permets de le laisser s’occuper du ‘rush’ matinal. À son retour au travail, c’est moi qui me lèverai à six heures, qui amènerai les enfants à sept heures et quart à la garderie, pour ensuite prendre l’autobus pour l’université vers sept heures trente. Après ça, les cours et les APP, c’est comme des vacances! Sinon, le soir, à moins d’être en période d’examen, je passe une bonne quantité de temps avec la famille. Il ne faut pas oublier de se reposer quand on peut se le permettre! Sinon, je m’enferme avec mes méga-écouteurs et j’étudie. C’est dans ces moments-là que je me dois d’être efficace! Je me garde aussi une journée par fin de semaine, uniquement pour étudier».
Le plus dur dans cette situation? «C’est difficile de travailler quand on sait que les enfants ne sont pas loin. Il faut savoir gérer sa culpabilité, mais je sais que mon conjoint est toujours avec eux quand moi je suis prise avec autre chose. Si j’avais 3 trucs de survie à donner aux autres étudiants-parents, ou ceux qui pensent avoir des enfants d’ici la fin de leurs études, je conseillerais premièrement d’accepter le soutien qui vous est offert, du conjoint aux parents en passant par les collègues étudiants et les amis. Avec tout le travail qu’on a, il ne faut pas refuser quand quelqu’un propose de surveiller les enfants un moment, ou de s’occuper des tâches ménagères comme faire à manger. Je vous conseille de trouver des gens de votre cohorte qui sont dans la même situation, et de ne pas se gêner de les approcher. On a toujours besoins de quelqu’un qui nous comprend pour nous rassurer et pour ventiler nos soucis de temps en temps! Ensuite, il est primordial de tout planifier. Se laisser de l’étude de dernière minute, c’est toujours prendre un grand risque : des enfants, ce n’est pas du tout prévisible, on ne sait jamais si quelque chose pourrait nous empêcher de travailler! Finalement, il ne faut pas oublier de se garder un peu d’équilibre de vie! Voir ses amis, s’entraîner, c’est important. On a le droit d’être plus que seulement des étudiants et des parents!»
Patrice Chrétien Raymer
Co-président, GIMF UdeM