Parler de contraception avec une jeune fille de 13 ans, suivre un jeune étudiant avec un trouble anxieux, aider un adolescent à se défaire de sa dépendance aux opiacés, accompagner une fille de 16 ans dans le traitement de l’anorexie, traiter la chlamydia d’une patiente, travailler sur des projets de santé publique touchant les adolescents…
Qui peut faire tout cela?
Un médecin de famille qui choisit de travailler en médecine de l’adolescence. C’est le cas de Dre Lucie Rochefort qui pratique présentement auprès des jeunes à temps partiel, car elle dirige également le programme de médecine de l’Université Laval.
Le parcours
Après ses études de médecine à l’Université Laval, Dre Rochefort hésite entre la psychiatrie et la pédiatrie, mais elle entame finalement une résidence en médecine familiale à l’Unité de médecine familiale de l’Hôpital Saint-Sacrement. Elle se rend compte alors qu’elle préfère travailler avec les jeunes et les personnes âgées, des clientèles avec lesquelles elle entretient de bons rapports.
Suite à sa résidence, elle commence à travailler comme médecin de famille auprès d’une clientèle atteinte de problèmes de santé mentale à l’hôpital Robert-Giffard, ce qui lui permet d’intégrer la psychiatrie à sa pratique. Lorsque que le CLSC de la Haute-Ville à Québec démarre une clinique jeunesse, elle participe à sa mise sur pied. La clinique offrira même ses services à La Maison Dauphine, un organisme venant en aide aux jeunes de la rue. Dre Rochefort y mène alors des consultations jeunesse et reçoit des patients au sans rendez-vous. Entourée d’une équipe multidisciplinaire, Dre Rochefort travaille désormais auprès d’adolescents défavorisés. En parallèle, elle débute sa carrière d’enseignante à l’Université Laval à titre de monitrice de petits groupes.
Les problématiques les plus souvent abordées sont la contraception, les ITSS, la santé mentale, la toxicomanie, les troubles alimentaires et la prévention des maladies.
Puisqu’elle apprécie l’enseignement et qu’elle souhaite participer à la formation des futurs médecins, elle accepte un poste d’adjointe à la direction du programme de médecine. À fil des ans, elle a aussi travaillé en médecine de l’adolescence en pédiatrie au CHUL, en clinique de sans rendez-vous et en gériatrie dans un CHSLD. Elle complète en parallèle une maîtrise en santé communautaire et devient éventuellement médecin-conseil pour la clientèle adolescente à la Santé publique.
Il y a quelques années, des problèmes de santé l’ont éloignée temporairement de la clinique, mais elle reste toujours active dans le milieu médical en acceptant de diriger le programme de médecine de l’Université Laval, poste qu’elle occupe depuis maintenant huit ans. Elle travaille toujours en santé publique à l’INSPQ sur des dossiers en tabagisme chez les jeunes et pratique encore un peu en clinique jeunesse.
Pourquoi avoir choisi la médecine familiale?
Armée d’un baccalauréat en éducation physique – qu’elle a obtenu avant ses études en médecine – et d’un intérêt pour la psychiatrie et la pédiatrie, Dre Rochefort cherchait une spécialité qui réunirait ces multiples passions. La grande variété de possibilités qu’offre la médecine de famille a donc été déterminante dans son choix de carrière. La médecine de l’adolescence s’est par la suite imposée comme un choix tout désigné rejoignant ses goûts et la clientèle qu’elle préférait.
Comment la pratique en médecine jeunesse s’organise-t-elle?
Le travail s’effectue le plus souvent en CLSC. Les jeunes qui fréquentent la clinique sont la plupart du temps référés par le milieu scolaire, par la DPJ ou par d’autres médecins du réseau. Les médecins en adolescence peuvent aussi travailler dans des centres jeunesse ou dans des équipes de pédiatrie en centres hospitaliers. Les problématiques les plus souvent abordées sont la contraception, les ITSS, la santé mentale, la toxicomanie, les troubles alimentaires et la prévention des maladies. Le médecin travaille de concert avec les infirmières du CLSC, les intervenants de la DPJ, les milieux scolaires et communautaires et d’autres professionnels de la santé, y compris des médecins d’autres spécialités. Il n’y a pas de formation particulière pour exercer dans ce type de pratique en médecine familiale. Selon Dre Rochefort, on peut choisir des formations et des stages optionnels à la pièce selon nos besoins afin de compléter une formation spécifique. Dans son cas, ce fut sous forme de formation avec des pédiatres du CHUL et de l’hôpital Sainte-Justine.
Les futurs médecins devraient-ils hésiter à choisir la médecine familiale?
Selon Dre Rochefort, c’est « LA SPÉCIALITÉ, celle qui offre une plus grande variété de pratique et une incroyable souplesse à travers sa carrière professionnelle ».
Samuel Caron Rousseau
Université Laval