Stage en médecine de famille rurale à Kuujjuaq!

Stage en médecine de famille rurale à Kuujjuaq!

Vous souhaitez découvrir une partie du Québec qui vous est encore inconnue? Vous voulez apprendre la véritable signification de l’expression « toute l’étendue de la médecine familiale »? Vous êtes à la recherche d’un changement de routine, d’un milieu de stage complètement différent?

Inuksuk à Kuujjuaq. Photo par Kim Sancton

Inuksuk à Kuujjuaq. Photo par Kim Sancton

Je vous présente Kuujjuaq, la « Grande Rivière »! À peine avais-je débuté l’externat que je quittais déjà le chaud soleil de Montréal en septembre dernier pour les aurores boréales de Kuujjuaq. À l’atterrissage de l’avion, un début de stage grisant m’attendait.

Kuujjuaq se nommait autrefois Fort Chimo, qui se traduit par « Serrons-nous la main! ». Il s’agit de la plus importante communauté du Nunavik, situé dans le Grand Nord. Les défis pour cette communauté sont multiples : traumatismes, obésité, caries dentaires, etc. Au-delà de ces problèmes que l’on entend constamment associés avec la population autochtone, j’ai découvert un peuple rieur, attachant et avec une forte personnalité. J’ai aussi compris que le terme « autochtone » n’a pas plus de sens que « blanc » : des dizaines de communautés sont regroupées sous ce nom-parapluie, mais de si nombreuses différences les séparent qu’il m’est maintenant difficile de croire que je confondais auparavant Inuit et Cree.

J’étais la seule étudiante en médecine présente à Kuujjuaq au moment de mon stage, et il n’y avait pas non plus de résident. Étant encore toute « verte » dans l’externat, j’étais à la fois intimidée et excitée à l’idée de la variété de cas qui m’attendait. Deux semaines d’urgence, transport en ambulance et en Medevac (petit avion pour les urgences dans les villages isolés), une semaine sur l’unité d’hospitalisation, une semaine à Kangiqsualuujuaq (George River) où le pourcentage de population avec la tuberculose active était de 10% lors de mon passage et beaucoup d’autres opportunités.

L’équipe des médecins était jeune, brillante, passionnée et investie dans leur travail et leur communauté. Tous les autres membres du personnel étaient chaleureux et prenaient toujours le temps de répondre à mes questions. J’ai eu de l’enseignement un à un la plupart des journées de la part des médecins omnipraticiens, mais aussi régulièrement de la part de l’incroyable équipe d’infirmières et des médecins spécialistes. Les médecins de famille qui y travaillent incarnent pour moi la définition même de la polyvalence : ils revêtent tour à tour les rôles de pédiatre, d’obstétricien, d’interniste, de gériatre, d’urgentologue, d’orthopédiste, de radiologiste et j’en passe. Il n’était pas rare que durant le même quart de travail, un médecin m’enseigne à faire des points de suture, à diagnostiquer une pneumonie, à identifier une fracture sur radiographie, à faire une procédure sous anesthésie locale et à faire une attelle.

…mes superviseurs se sont montrés ouverts à mes demandes et j’ai ainsi pu suivre un psychiatre visitant Kuujjuaq et une pédiatre lors de sa visite à Kangiqsualuujuaq. Ce que ces deux spécialistes m’ont enseigné est au-delà de la médecine biologique; ils m’ont inspiré le plus grand des respects de par leur investissement sincère et dévoué pour la population inuit.

À Kuujjuaq, les infirmières ont une étendue élargie des responsabilités et leurs compétences sont mises à profit dans toutes les sphères de pratique du centre de santé Ungava Tulattavik. Elles s’occupent de la majorité des soins de santé dans les villages isolés, gèrent l’urgence de l’hôpital, assurent les transports d’urgence, etc. Elles sont dynamiques, se montraient toujours attentives et m’ont permise de m’intégrer facilement à l’équipe. J’ai même été invitée lors d’un déjeuner gastronomique chez l’une d’entre elles! Je leur dois une partie non négligeable du plaisir que j’ai eu lors de mon stage.

De plus, mes superviseurs se sont montrés ouverts à mes demandes et j’ai ainsi pu suivre un psychiatre visitant Kuujjuaq et une pédiatre lors de sa visite à Kangiqsualuujuaq. Ce que ces deux spécialistes m’ont enseigné est au-delà de la médecine biologique; ils m’ont inspiré le plus grand des respects de par leur investissement sincère et dévoué pour la population inuit. Ils représentent le type de médecins que j’espère devenir, soit motivés par des valeurs profondes et immuables, fondamentalement convaincus que leur place est dans ce grand Nord québécois que si peu connaissent.

Arrêt à Kuujjuaq. Photo par Kim Sancton

Arrêt à Kuujjuaq. Photo par Kim Sancton

Au quotidien, j’habitais en face de l’hôpital, avec pour colocataires les dentistes locaux la plupart du temps. Tous plus dévoués les uns que les autres à enseigner, ils m’ont invitée à venir observer certaines procédures chirurgicales et m’ont éduquée davantage sur l’approche des abcès dentaires.

J’ai étudié à quelques reprises au café local, le « Vieux Chimo », où les travailleurs venaient à l’occasion manger. Je faisais mes courses à l’épicerie, sortais au restaurant de l’hôtel, visitais les boutiques de Kuujjuaq. Surtout, je marchais. Je découvrais les coins de ce village, profitais des paysages à couper le souffle, respirais l’air du grand Nord, refroidi dès Septembre.  Et mon coup de cœur : les aurores boréales. Ce rêve de gamine que l’on croit exister uniquement dans les films, je l’ai vu et à plus d’une occasion. Ces couleurs nocturnes, une peinture sur le ciel noir, m’ont marquée l’imagination au fer blanc.

Pour finir, je souhaite rendre hommage à toute l’équipe des centres de santé de Kuujjuaq et de Kangiqsualuujuaq, qui ont rendu mon expérience si mémorable et m’ont donné l’inévitable envie d’y retourner.

Et à tous ceux qui auraient encore des questions, n’hésitez pas à me contacter!

Julie Hébert
Université McGill

 

 

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