Une étudiante hors pair et une fière future médecin de famille

Une étudiante hors pair et une fière future médecin de famille

Émilie GagnonPour cet article, j’ai le grand honneur de vous présenter une étudiante de McGill qui se distingue des autres, une sportive aguerrie et aussi une grande amie à moi, Émilie Gagnon. Originaire de la Gaspésie, où elle est aussi connue pour ses performances d’athlète en patinage artistique et pour son énergie débordante, la jeune femme a choisi ce domaine précis de la santé dans le seul but de devenir une médecin de famille. Depuis son entrée, Émilie est très active dans les activités du Groupe d’intérêt en médecine de famille (GIMF). Au tout début, en tant que membre, ses qualités de leader ont rapidement été reconnues par ses pairs tout comme par des membres de la faculté, qui ont vu en elle une grande force pour le comité. En juillet 2011, elle est devenue présidente du GIMF de même que co-présidente de la Section des étudiants du Collège des Médecins de famille du Canada (CMFC) en avril 2012. Elle a aussi été boursière de la régie de l’assurance-maladie du Québec au programme incitatif de médecins en région pour l’année 2012-2013 et représentante étudiante au comité international des médecins de famille de McGill jusqu’en juin 2012. Plus récemment, la bourse d’études du Collège des Médecins de Famille du Canada (CMFC) lui a aussi été attribuée. Son intérêt pour cette discipline est évident et ses implications multiples le démontrent hors de tout doute.

Depuis le tout début, tu sembles être fermement décidée à choisir la médecine de famille. Pourquoi cette voie en particulier comparativement à d’autres spécialités? Y a-t-il des médecins en particulier qui t’ont inspirée ou accompagnée dans ce choix?

Un médecin de famille représente pour moi la vraie médecine : il peut traiter tout le monde et quantité de pathologies variées.

Lorsque j’étais au secondaire, j’ai eu la chance d’aller observer des médecins à l’hôpital. Sans l’ombre d’un doute, Dr. Stéphane Rousseau, un médecin de famille de la région, a contribué au choix que j’ai fait. J’ai ainsi pu découvrir la richesse de sa pratique : urgence, clinique de planification familiale et bureau. Durant les étés après mon année préparatoire et ma première année, j’ai participé à des stages SARROS à Gaspé et à Chandler, qui m’ont permis de voir l’étendue des possibilités de cette profession, particulièrement en région. En une semaine,  je pouvais voir des patients de tout âge, faire du suivi, voir des situations aigues et chroniques de même que certaines populations particulières.

Tu reviens tout juste d’un an à Gatineau, où tu as choisi de faire le programme de formation intégrée à l’externat. Comment as-tu aimé ton expérience? Quelles sont les principales forces qui sont ressorties du programme selon toi?
Mon expérience a été merveilleuse, j’ai vraiment adoré mon année. La principale force du programme est l’aspect longitudinal, qui nous permet de faire un suivi adéquat de nos patients. Pour donner un exemple, j’ai pu accompagner une femme enceinte tout au long de sa grossesse. Les médecins étaient toujours prêts à m’enseigner même si c’est un programme encore jeune. Il y avait beaucoup de « un pour un » avec les professeurs et nous avons la chance de pratiquer un grand nombre de techniques. Par contre, il nous faut intégrer tout rapidement dès le début et faire des liens entre les différentes spécialités. Dans la salle d’opération, je pouvais à la fois intuber et assister pour le même patient! Cette dernière année m’a permis de consolider mon désir de poursuivre en médecine de famille.

Quels sont tes principaux intérêts dans la médecine familiale? Y a-t-il une pratique particulière que tu souhaites avoir?
 Je suis particulièrement intéressée par l’urgence et la médecine hospitalière, où les pathologies sont multiples. Ce sera pour moi un atout d’avoir un pied dans les deux aspects du milieu clinique et je pourrai toujours me référer à mes collègues pour une deuxième opinion. Je pense que tous les médecins ont cette « crainte » de devoir référer ou d’avoir un cas trop complexe, mais je pense aussi que c’est ce qui nous permet de grandir en tant que professionnel. Comme je souhaite aussi faire le suivi de mes patients, il n’y a que la médecine de famille qui va me permettre de travailler en médecine sous tous ces angles.

Comment as-tu fait tes choix de stages afin de te préparer de la façon la plus adéquate à la résidence en médecine de famille?
J’ai organisé des stages en dermatologie et en microbiologie, que je considérais comme étant des faiblesses pour moi, mais aussi des connaissances essentielles pour ma résidence. Comme je voulais développer davantage mes compétences en urgence et en soins critiques, j’ai ajouté des stages dans ces spécialités, y compris un stage au Kenya. Durant cette rotation en Afrique, mon exposition clinique sera très variée et j’espère que cela me permettra d’avoir une perspective différente sur la médecine, mais aussi sur les problèmes de santé qui touchent la communauté internationale.

Tu es très impliquée dans de nombreux comités reliés à la promotion et à l’éducation de la médecine familiale. Dans les dernières années, qu’est-ce que cela t’a apporté? Quelle fût ta meilleure expérience?
Je n’ai pas eu une expérience préférée, je pense que c’est l’ensemble de mes comités qui m’ont permis d’aimer autant mes dernières années d’études. J’ai rencontré des médecins passionnés, grâce à ces activités qui m’ont motivé à poursuivre sur cette lancée. J’ai aussi pu rencontrer des étudiants de d’autres universités qui, comme moi, partageaient l’intérêt pour les soins de première ligne et cela nous a permis de faire grandir le GIMF de McGill en nous inspirant des idées de projets des autres groupes d’intérêt.

Selon ton expérience personnelle, quelles sont les meilleures stratégies pour convaincre les étudiants en médecine à choisir la médecine familiale?
Les quatre facultés de médecine du Québec contribuent de plus en plus à la promotion de la médecine générale, mais les étudiants organisent beaucoup d’activités par eux-mêmes. Le Symposium étudiant de médecine de famille a d’ailleurs débuté en même temps que mon année préparatoire. Je pense que la variété des possibilités en médecine de famille n’est pas assez connue par les étudiants et je crois que c’est malheureusement cette ignorance qui conduit à la construction de certains préjugés. Pour que les étudiants choisissent la médecine de famille, il faut qu’ils trouvent un modèle dans lequel ils se reconnaissent. Le plus important est d’exposer les gens à des pratiques différentes afin de démontrer la diversité qui existe dans l’ensemble des médecins de famille.

Tu es très impliquée à McGill, mais tu es aussi la présidente de la section des étudiants du Collège des Médecins de famille du Canada. Quelles sont les différences importantes entre le contexte québécois et le contexte canadien concernant la médecine familiale?
Il s’agit d’une question complexe, car il y a plusieurs facteurs qui doivent être pris en compte. Certains programmes offrent une exposition à la médecine familiale de plus grande quantité et de meilleure qualité, qui inclut dans plusieurs cas des activités de promotion à chaque semaine. Selon l’endroit, la médecine familiale est ancrée dans la culture de l’université et les étudiants peuvent ainsi être mieux informés sur la diversité et les possibilités de pratique qu’offre la médecine de famille.

Dans tableau des statistiques de CaRMS, on remarque que McGill est à la dernière position pour le pourcentage d’étudiants qui choisissent médecine familiale en premier choix avec son maigre 20,7%. En comparaison, les universités de la province voisine abordent des nombres bien supérieurs, comme celle d’Ottawa et du Nord de l’Ontario qui doublent et triplent le pourcentage de McGill avec 45,8% et 62,5% respectivement. Il est aussi à noter que quelques-unes de ces universités n’ont qu’un seul groupe d’intérêt étudiant actif et c’est celui de la médecine de famille, alors que McGill regroupe environ une quarantaine de ces comités. Ces différences entre les contextes rendent la comparaison particulièrement difficile entre McGill et les autres universités.

Je suis toutefois confiante qu’avec la venue du nouveau curriculum de McGill, le support du gouvernement québécois et les efforts des groupes d’intérêt en médecine familiale, on réussira à faire briller cette spécialité à sa juste valeur et à augmenter le nombre d’étudiants qui feront ce choix de carrière ! C’est un beau défi à relever !

Tu as accompli déjà nombre d’exploits, sais-tu ce qui va t’attendre dans le futur?
Je souhaite premièrement exploiter au maximum mon année de stages d’option pour en apprendre davantage et pour développer des compétences qui me seront sans aucun doute utiles pour l’année prochaine. Les applications pour la résidence approchent à grands pas et même si j’aimerais pouvoir retourner en Gaspésie pour pratiquer la médecine dans le futur, je me garde les portes ouvertes. Je suis très intéressée par le milieu académique et je veux continuer mon implication dans les comités.

Merci beaucoup d’avoir pris le temps de répondre à mes questions et je te souhaite de réussir dans ce domaine pour lequel tu as une passion contagieuse!

Propos recueillis par Julie Hébert
Collaboration spéciale

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