Chaque mois de septembre apporte toujours son lot de nouveaux visages et de nouvelles expériences dans nos vies de sempiternels étudiants mais, pour certains d’entre nous, le décor aura radicalement changé. De la maison de banlieue à l’appartement ou des bancs d’école aux urgences bondées, la rentrée en médecine est une source inépuisable d’émerveillement pour les jeunes et les moins jeunes.
Nathalie avait toujours été première de classe. Ou seconde, lorsque c’était Nicolas. Très fière d’avoir été admise en médecine juste après le cégep, elle commence cependant à questionner sa raison d’être en médecine lorsqu’elle a reçu les résultats de ses tout premiers examens, qu’elle qualifie de « disgracieux ».
Les éclats de rire et les pas pressés des nouveaux étudiants rappellent avec insistance les émotions fortes que procurent les divers défis apportés par l’étude de la médecine. Cependant, pour certains, cette effervescence peinera à durer plus longtemps que la nuit blanche qu’ils viennent de passer non pas à étudier, mais à s’inquiéter pour leur sœur fraîchement diplômée qui n’arrivepas à se trouver un emploi.
À se retourner une fois, deux fois dans leur lit IKEA payé avec leur marge de crédit.
À se demander pourquoi ils ne semblent plus retenir avec autant d’aisance la séquence de la cascade de coagulation.
À avoir l’impression de perdre le contrôle.
Tout s’était pourtant bien déroulé depuis le déménagement dans sa nouvelle ville d’adoption. Nathalie s’était rapidement liée d’amitié avec deux de ses collègues qui faisaient partie de la même équipe d’initiation mais, dernièrement, elle ne ressentait plus le même enthousiasme face aux activités sociales proposées. Se disant plus fatiguée, elle préférait rester chez elle à étudier, sous prétexte qu’elle devait parler à son amoureux, même si, en réalité, elle s’assoupissait de fatigue sur son sofa.
Le trouble d’adaptation, un diagnostic médical
Plusieurs étudiants en médecine peuvent partager les mêmes traits de caractère ou afficher les mêmes comportements que Nathalie, mais seuls certains d’entre eux ressentiront le besoin d’avoir recours à de l’aide professionnelle. La métamorphose de ces malaises passagers en un trouble d’adaptation peut aisément se faire à l’insu de certains étudiants désormais assujettis à un sentiment d’impuissance.
Un collègue de classe avait fait remarquer à la tutrice que Nathalie, de nature joviale, semblait plus ennuyée qu’à l’habitude lors des rencontres d’apprentissage. Questionnée sur son air plutôt évasif lors des discussions, elle admet à sa tutrice qu’effectivement, elle avait désormais plus de difficulté à s’endormir et qu’elle éprouvait parfois des maux de ventre inexpliqués durant la journée.
Selon l’édition la plus récente du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM), le trouble d’adaptation est défini par plusieurs critères, dont l’essentiel peut se résumer à l’apparition de symptômes—cliniquement significatifs—de nature émotionnelle ou comportementale survenant dans les trois mois suivant l’exposition à un facteur de stress identifiable. Le niveau de résilience de chacun différant de celui de nos collègues, les facteurs de stress peuvent varier d’individu en individu : que ce soit une rupture amoureuse, un drame familial, des problèmes financiers ou même des résultats académiques décevants, d’autres raisons propres à la médecine peuvent aussi précipiter un trouble d’adaptation chez nos étudiants. Ainsi, une situation qui pourrait être bien tolérée par un ami pourrait très bien nous pousser à consulter, et vice versa.
La tutrice, visiblement inquiétée par le sort de l’étudiante, lui suggère de consulter. Mais qui ?
Le médecin de famille, un allié
Plusieurs professionnels de santé s’offrent dans les différentes facultés de médecine afin de supporter les étudiants qui ont parfois à composer avec plusieurs expériences de vie déstabilisantes. Les médecins de famille, œuvrant habituellement dans la plupart des cliniques universitaires de santé, constituent de précieux alliés de par leur formation les autorisant à administrer des traitements pharmacologiques et behavioraux, en plus de fournir de précieux conseils en ce qui concerne le cours de médecine : eux aussi, ils sont passés par là !
Également présents dans les CLSC et les cliniques de jeunes, habituellement plus accessibles par les étudiants que dans les cliniques médicales elles-mêmes, les médecins de famille sont également en mesure de les orienter vers les ressources appropriées, comme les services de psychologie ou les groupes d’entraide.
Très peu peuvent nier que la médecine n’entraîne pas de sensations fortes, mais lorsque ces sensations-là deviennent nuisibles à notre bon fonctionnement, c’est habituellement le signal d’alarme qui nous conseille d’aller chercher de l’aide.
Nina Nguyen
Université de Sherbrooke
Lire aussi : Le trouble d’adaptation par Samuel Caron (Première ligne, avril 2014)