À la maternelle, on m’a demandée ce que je voudrais faire plus tard: je n’avais pas répondu, parce que je n’avais pas compris la question.
En médecine, on m’a redemandé la même question, et j’avais répondu avec assurance « médecine », en ignorant que ce n’était pas assez.
Peut-être que j’étais la seule des quelques 200 étudiants de ma cohorte à l’ignorer, mais pour devenir un vrai médecin, il ne suffisait pas d’obtenir le tant convoité grade de Medicinae Doctor, mais on se devait également d’entreprendre des études post-doctorales, plus communément appelée la résidence, qui dure entre deux à six ans dépendamment des spécialités. C’est au beau milieu des festivités des activités d’initiation que la première année que j’étais a appris qu’il fallait que je repasse par un autre processus d’application pour vraiment devenir médecin.
« Plus tard », m’étais-je dit. « J’y penserai plus tard ».
Mais « plus tard » n’a pas attendu jusqu’à ce que mon raisonnement clinique soit mature avant d’étaler les quelques trente choix de spécialités qui définiraient ma pratique. Parmi cette mer de destins possibles, la médecine de famille, parmi tant d’autres, a attiré mon œil. Ou mon cœur, plutôt. Certaines histoires d’amour nécessitant plus de temps à raconter que d’autres, plusieurs de mes collègues québécois se feront un plaisir d’exposer les charmes de la médecine de famille au fil des numéros de Première Ligne.
Je suis entrée en médecine lorsque la médecine de famille avait déjà commencé à regagner ses lettres de noblesse, et que la figure si familière du médecin omnipraticien n’était plus aussi effacée sur la scène publique. Experts, engagés et humains : pas étonnant que 38% des étudiants finissants en médecine, à travers le Canada, aient choisi de devenir médecins de famille comme premier choix de carrière.
Ce 20 septembre verra la sixième édition du symposium de médecine de famille se dérouler, cette fois, à l’Université McGill : cet événement, devenu un rendez-vous annuel, rassemble étudiants et médecins dans un lieu d’échange privilégié sur une profession d’avenir. Intégration de techniques d’imagerie échographique, pratique en milieu à faibles ressources, carrière académique en centre universitaire : les divers profils présentés dans ce premier numéro de Première Ligne ne sont qu’un bien pâle reflet des opportunités qu’offre désormais la médecine familiale.
En espérant que vous serez inspirés pour l’année scolaire à venir,
Nina