Éditorial

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La médecine de famille n’aura jamais autant fait parler d’elle que pendant les derniers mois. Avec un projet de loi provincial controversé qui redéfinit malgré lui la pratique de la spécialité au Québec, il n’est pas étonnant de voir étudiants, résidents et patrons s’unir dans un même front afin de défendre l’essence même de la médecine de famille.

En tant qu’étudiants en médecine, il est difficile de rester de marbre face à ce débat qui oppose l’opinion publique et celle de la communauté médicale, étant donné son fort potentiel d’influence sur notre choix de carrière. Que ce soit de par la diversité des patients rencontrés, de par les multiples opportunités d’emploi ou de par la possibilité de s’impliquer dans sa communauté, la médecine de famille est une spécialité qui se modernise et qui se rajeunit davantage au fur et à mesure que les nouveaux patrons, engagés et engageants, intègrent le marché du travail.

Cette passion pour l’engagement social a toujours été présente parmi le corps professionnel de la médecine de famille et l’imminence d’une telle perturbation n’a fait que raviver cette flamme. En tant que future médecin de famille, il est particulièrement inspirant (et tentant!) d’émuler certaines variétés de pratique qui, de par les populations desservies, rappellent aux institutions actuelles que oui, notre modèle de soins n’a pas que des bons jours. Et c’est ce qui terrifie plusieurs de mes collègues, même si nous ne sommes pas encore médecins : que ces bons jours se fassent de plus en plus rares, laissant de côté de plus en plus de patients dans le besoin.

Dans ce présent numéro, trois articles traitent de trois facettes différentes de la médecine urbaine, pratique niche de la médecine de famille qui tente de pallier aux manquements de notre système actuel. Trois villes, trois pratiques de la médecine urbaine : Léa Bélanger Sanscartier nous fait découvrir la pédiatrie sociale à Québec, nouvellement installée mais intégrée dans sa communauté, tandis que Catherine Ji dévoile le travail colossal d’une clinique spécialisée en médecine des dépendances et que Nina Nguyen s’engage dans une équipe de soins de première ligne en santé urbaine à Toronto.

Bien que la médecine urbaine éclipse souvent les autres facettes de la médecine de famille, il ne faut pas oublier qu’il faut tout d’abord éduquer, mais aussi supporter les médecins de famille en devenir. Dre Marie Giroux, dans une entrevue candide avec Marie-Laure Dolbec, prochainement résidente en médecine de famille, lève le voile sur la gestion et l’enseignement dans la spécialité. L’enseignement pouvant prendre plusieurs formes, il est tout particulièrement intéressant de réaliser à quel point nos groupes d’intérêt en médecine de famille à travers la province sont demeurés actifs et motivés malgré le climat politique actuel : prenez le temps de lire leurs mises à jour !

Peut-être que c’est ce que la médecine de famille moderne attendait afin de regagner les faveurs du public et de la communauté médicale après tant de lessivage médiatique au cours des dernières années : une occasion de faire valoir la solidarité de ses membres, mais aussi la nécessité de leurs activités professionnelles quotidiennes. Projet de loi ou pas, la médecine de famille, supportée par une communauté aussi diverse, ne se sera jamais autant rapprochée de ses patients afin de défendre leurs intérêts.

Bonne lecture,

Nina Nguyen

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