Dre Patricia Murphy, médecin de famille, œuvre surtout auprès de la portion plus âgée de la population qui, comme nous le savons tous, devient de plus en plus importante au fil des ans. C’est au début de la trentaine que Dre Murphy entame ses études médicales après un parcours lui ayant fait découvrir les sciences humaines, les sciences pures et le monde du travail. D’emblée, c’est la médecine familiale qui l’intéresse, car ce domaine semble lui offrir une pratique beaucoup plus variée qu’une autre spécialité. Suite à l’obtention de son diplôme, elle effectue sa résidence au CLSC du Marigot, à Laval, où elle travaille encore aujourd’hui.
Maintenant responsable des soins aux personnes âgées pour l’UMF du CLSC de Marigot, Dre Murphy souligne que cette clientèle particulière permet de rafraîchir ses connaissances, surtout en médecine interne, mais aussi de conserver un niveau de compétence générale autant applicable à la population gériatrique qu’à la population adulte. C’est durant ses années de résidence que Dre Murphy a vraiment été exposée au suivi et au traitement d’une population gériatrique et qu’elle a découvert, par exemple, l’utilité des visites à domicile pour ces soins : « Cela aide vraiment à connaître la personne et à bien ajuster le traitement en fonction des besoins particuliers de celle-ci. Cela permet aussi de développer au maximum son jugement clinique, car il faut apprendre à poser des diagnostics sans pouvoir effectuer tous les tests pertinents. »
Évidemment, comme le dit Dre Murphy, il est clair que le besoin en soins aux personnes âgées devient de plus en plus criant dans notre société. Heureusement, elle pense que le gouvernement et les universités le savent et qu’ils essaient de « prendre le tournant » le plus rapidement possible. Selon elle, le plus urgent est de transmettre les connaissances nécessaires aux jeunes médecins et étudiants, en particulier au niveau du traitement et du suivi des troubles cognitifs qui mettent beaucoup de ses collègues mal à l’aise : « C’est en augmentant le niveau de compétence des médecins que ceux-ci deviendront plus à l’aise dans le traitement des personnes âgées et qu’ils pourront alors aimer ça ! »
Les expériences les plus stimulantes pour Dre Murphy surviennent lorsqu’un épisode subaigu ou aigu est traité avec réussite au bureau ou à domicile et ce, avant qu’un patient gériatrique ne soit mené vers l’urgence. C’est bien évidemment là-bas que plusieurs problèmes très incommodants et parfois très graves débutent tels que les maladies nosocomiales, les plaies de lit, l’ankylose, etc.
« Les personnes âgées sont aussi très reconnaissantes. Elles remercient souvent du fait d’être écoutées et comprises, ce qui est très gratifiant et stimulant pour un médecin. »
Bien qu’au niveau financier il n’y ait pas vraiment d’avantages à choisir une population âgée comme clientèle, Dre Murphy souligne qu’au niveau humain, on a vraiment l’impression d’être utile car on s’assure toujours que tout soit fait pour améliorer le confort des patients. De plus, Dre Murphy se sait prête pour le tournant populationnel des prochaines années, mais elle ne croit pas que ce soit le cas de tous les collègues de son âge qui devront réorganiser leur pratique dans le but d’offrir une plus grande gamme de services à la population vieillissante.
Il n’y a pas de personnalité type pour quelqu’un voulant travailler auprès des personnes âgées, explique Dre Murphy. Le plus important est de savoir être souple et de posséder la capacité d’adapter un traitement en fonction des objectifs à atteindre : « Avec les personnes âgées, le traitement est directement lié à la qualité de vie. En tant que médecin, on doit se demander ce qui est acceptable, possible. Il faut aussi pouvoir jongler avec plusieurs problèmes en même temps et savoir prioriser pour choisir le traitement le plus approprié. » Deux autres points importants que Dre Murphy trouve pertinents de mentionner sont d’aimer travailler en équipe, que ce soit avec les proches du patient ou avec les autres travailleurs du réseau de la santé, puis d’être curieux et proactif dans le but d’agrandir son réseau de contacts, ce qui permet d’offrir des services de meilleure qualité.
Un résident en médecine familiale désirant vraiment approfondir ses connaissances pour éventuellement enseigner, instaurer un département de médecine familiale en CHSLD, etc. peut choisir d’effectuer une troisième année de résidence en soins aux personnes âgées. Cependant, Dre Murphy ne croit pas que cette année supplémentaire soit nécessaire pour tous, car aujourd’hui, beaucoup d’efforts sont déployés afin que tous les étudiants entrent en contact avec cette clientèle, que ce soit en ambulatoire, en CHSLD ou à domicile. Après tout, la population vieillit inévitablement et dans quelques années, il sera non seulement utile mais nécessaire d’être à l’aise dans le suivi et le traitement des personnes âgées.
Rachel Rodrigue, Université de Montréal
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