Faire le saut en région… et en français !

Faire le saut en région… et en français !
Clinique Thurso

Clinique Thurso

Je suis présentement une externe 1 de l’Université McGill et l’un des onze oiseaux rares qui ont décidé de passer leur première année d’externat entièrement en Outaouais. Oui, la même région qui accueillera un campus médical satellite de l’Université McGill en 2020 !

Après quatre mois de stages, je ne regrette nullement mon choix. J’ai donc décidé d’écrire ce témoignage afin de partager mon expérience, mais aussi de faire valoir la pertinence d’ouvrir un campus médical satellite dans la région. Je n’ai aucun conflit d’intérêts, mis à part une passion pour la médecine familiale !

Voici donc, sans tambour ni trompette, mes raisons d’avoir choisi cette région.

Une exposition en médecine familiale plus enrichissante
En Outaouais, ce sont principalement les médecins de famille qui s’occupent des soins hospitaliers, que ce soit à l’urgence ou aux soins palliatifs. La variété des champs de pratique des médecins de famille est donc beaucoup plus large ici comparativement aux grands centres comme Montréal. Le fait d’être l’unique externe dans l’équipe de soins nous permet donc de voir des cas beaucoup plus variés et de mieux apprécier la valeur de la médecine familiale. En ces temps houleux où la médecine familiale semble de plus en plus dévalorisée sous les restrictions du ministre Barrette, il est d’autant plus important d’avoir accès à des exemples inspirants de médecins de famille (dont des résidents fraîchement diplômés) qui continuent de faire ce qu’ils aiment.

Une autonomie accrue
Le fait de travailler seule avec le ou la patron(ne) nous donne beaucoup d’autonomie, ce qui représente un privilège, mais aussi une grande responsabilité. Ici, je n’ai pas l’option d’être en retrait : je suis toujours une membre active de l’équipe médicale, voyant des patients par moi-même, discutant avec leur famille et formulant un plan de traitement (sur une feuille brouillon) avant même de réviser avec le patron. Cela me permet donc d’apprendre à la vitesse grand V. Et la différence se voit : mes prédécesseurs qui ont fait l’externat intégré en Outaouais sont d’accord pour dire que c’est cette autonomie qui leur permet de se distinguer lors de leurs stages de 4e année.

La clinique longitudinale en milieu rural
Chaque externe est jumelé à une clinique pour l’année. Ainsi, une journée par mois, je vais à « ma » clinique à Thurso, une municipalité d’environ 2500 habitants à 50 km de Gatineau. Étant la seule étudiante de la clinique, j’ai la chance d’avoir 3 professionnels de la santé comme enseignants (2 médecins, 1 infirmière praticienne). Non seulement j’ai l’occasion de pratiquer toutes les petites procédures (injections, soins de plaies, Pap test, traitements de verrues, etc.), mais j’ai aussi la chance de suivre l’évolution des patients tout au cours de l’année… comme une vraie médecin de famille !

La maîtrise du français clinique
Ayant eu tous nos cours précliniques en anglais, mes collègues et moi nous sommes donné le défi, en venant en Outaouais, d’améliorer notre français clinique. Tout un défi, considérant que seuls quatre d’entre nous ont le français pour langue maternelle. Les premières semaines ont certes été difficiles et des situations de traduction un peu cocasses ont souvent eu lieu, mais il a suffi de quelques semaines pour que je puisse écrire des notes dans la langue de Molière. Dans une région à une jetée de pierre de l’Ontario, c’est un véritable avantage que de connaître le jargon médical dans les deux langues et les patients sont toujours très reconnaissants lorsqu’on leur donne l’option de les servir dans la langue qu’ils préfèrent.

Une meilleure qualité de vie
Il n’y a pas à dire, le fait de pouvoir se rendre aux différents hôpitaux en vélo, c’est précieux, surtout durant l’externat, où le temps manque souvent pour aller s’entrainer. Pour ma part, je suis comblée par la piscine olympique du centre sportif et par l’immense parc de la Gatineau, qui fait 168 fois la superficie du parc du mont Royal. C’est un véritable paradis des cyclistes l’été et des skieurs de fond l’hiver !

La pertinence d’un campus médical satellite en Outaouais
Pour moi, il est clair que la création d’un campus médical satellite est une partie de la solution pour augmenter la rétention de médecins de famille dans la région. Cela est démontré par les taux élevés d’étudiants qui choisissent de rester dans la région de leur campus satellite pour poursuivre leur résidence en médecine familiale, que ce soit le campus de l’Université de Sherbrooke à Chicoutimi au Saguenay (59,5 %) ou celui de l’Université de Montréal à Trois-Rivières en Mauricie (63 %)1.

Mais tout le monde n’est pas de cet avis : certains groupes de protection de la langue française se sont opposés à ce que l’Université McGill ouvre un campus dans une région à majorité francophone2. À cela, je répondrai que mes collègues et moi, ainsi que nos prédécesseurs de l’Université McGill, sommes la preuve que nous pouvons faire nos études précliniques en anglais et tout de même exercer et exceller dans un milieu francophone.

Alors, étudiants en médecine, qu’attendez-vous pour faire un stage en Outaouais ?

Stage coup de coeur en Outaouais, novembre 2016Yang Guo
Étudiante de 3e année
Université McGill en externat intégré longitudinal dans la région de l’Outaouais

Coprésidente senior du Groupe d’intérêt en médecine familiale de l’Université McGill

Références :

  1. Barraud L, Brousseau G. La faculté de médecine de l’Université McGill délocalisée en Outaouais : faisable et nécessaire. Étude de faisabilité. Gatineau (QC) : Direction de l’enseignement médical Outaouais. Janv. 2014
  2. Perreault JP, Laporte M, Bouchard E, Allard P. Non à McGill en Outaouais. Le Devoir [en ligne]. 2016 Nov [Cité le 20 nov. 2016]; 107 (255).

Cet article utilise l’orthographe moderne recommandée.

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