Récit de mon stage d’externat de médecine de famille en région éloignée
La dernière année scolaire était la première (et certainement pas la dernière) en son genre pour moi : il s’agissait de la première année de toutes mes études sans vacances d’été. Peut-être mes collègues externes sherbrookois me diront-ils que nous avons tout de même eu droit à une semaine de congé (bien méritée) ? Certes, je ne pourrai le réfuter, mais cela est loin d’être comparable aux mois de congé que nous avions au primaire, au secondaire et au collégial… Ah, le bon vieux temps ! À défaut d’être libre de rester dans mon coin de pays au Québec ou de partir en voyage à l’étranger, j’ai passé deux mois de mon été à Alma, au Lac-Saint-Jean-Est, où j’ai fait mon stage d’externat obligatoire en médecine de famille.
L’externat du programme de doctorat en médecine de l’Université de Sherbrooke (UdeS) amène ses étudiants à découvrir le Québec et le Nouveau-Brunswick en raison de son vaste réseau d’établissements affiliés. En effet, les externes sont invités à se déplacer pour travailler dans différents milieux de formation, urbains comme ruraux, universitaires comme communautaires. Mes stages d’externat m’ont donc amené à découvrir, entre autres, la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, par des stages que j’ai faits à Chicoutimi et à Jonquière au Saguenay, à Dolbeau-Mistassini au Lac-Saint-Jean-Ouest ainsi qu’à Alma au Lac-Saint-Jean-Est.
J’ai donc fait mon stage de médecine de famille à l’Unité de médecine familiale (UMF) et à l’hôpital d’Alma. L’UMF est une clinique située à côté de l’hôpital, communiquant même avec celui-ci par un corridor au sous-sol ainsi qu’une passerelle à l’étage. La proximité avec l’hôpital, un atout indiscutable, permet de référer des patients à l’urgence lorsque leur état clinique le nécessite, de diriger les patients vers les départements d’imagerie ou de laboratoire pour effectuer les examens demandés, mais, surtout, d’avoir accès au dossier médical électronique et aux résultats de l’hôpital. Le programme de résidence en médecine de famille de l’UMF d’Alma est offert par l’UdeS. Six résidents de première année et huit résidents de deuxième année y font leur formation. Ces résidents, très accueillants et sympathiques, m’ont offert une supervision de qualité et un accompagnement apprécié tout au long de mon stage.
L’hôpital d’Alma est un hôpital communautaire qui offre des soins généraux et où ce sont majoritairement les médecins de famille qui hospitalisent les patients, parfois conjointement avec les spécialistes. Cette façon de faire permet, d’une part, aux spécialistes de conserver leur rôle de consultant dans le dossier des patients et, d’autre part, aux médecins de famille et à leurs résidents de voir la conduite qu’ont adoptée les spécialistes pour les problèmes présentés par leurs patients. Ainsi, tout le monde y gagne ! Par exemple, les médecins de famille peuvent suivre les patients des chirurgiens en postopératoire tout comme les patients des psychiatres pour leur côté physique. Pour les externes et les résidents en médecine de famille, cela implique que les semaines d’hospitalisation sont plus intéressantes en raison d’une plus grande variété de cas rencontrés. Le faible nombre de résidents dans les autres spécialités permet une meilleure accessibilité aux spécialistes. La salle d’urgence, nouvellement rénovée, offre un débit de patients moyen, moins élevé que dans d’autres hôpitaux plus urbains, mais on n’y manque toutefois jamais de travail !Les activités de mon stage, d’une durée de sept semaines, étaient plutôt typiques pour un stage en médecine de famille. En effet, mon temps était divisé principalement entre le bureau, l’urgence et l’hospitalisation, mais j’ai pu suivre des patients à une maison de soins palliatifs et participer à quelques cliniques spécialisées (locomoteur, dermatologie, miroir psychiatrique, minichirurgie, neuromusculaire, etc.). Ces cliniques spécialisées, supervisées majoritairement par des médecins de famille, mais parfois par des spécialistes (chirurgiens orthopédistes, dermatologues et psychiatres, notamment), permettent aux externes et aux résidents qui y participent d’être exposés à plusieurs cas semblables par leur nature étiologique, mais différents par leur diagnostic, et de pratiquer leurs habiletés cliniques, comme les techniques d’infiltration et de chirurgie mineure. Elles permettent également d’optimiser le temps consacré à la préparation du matériel, une infirmière étant présente sur place afin d’aider le médecin et ses apprenants, et d’offrir un service aux patients que leurs médecins traitants peuvent référer à l’une de ces cliniques.
Somme toute, mon stage d’externat de médecine de famille en région éloignée a été stimulant, diversifié et rempli de défis !
Mathieu Simard
Étudiant de 4e année
Université de Sherbrooke au campus de Sherbrooke