Archives : Vers une médecine méditative, partie 1

Archives : Vers une médecine méditative, partie 1

Le principe
Depuis de nombreuses années déjà, des ateliers de méditation pleine conscience (mindfulness) sont offerts aux étudiants en médecine du Québec. Double objectif : introduire un moment pour se brancher sur le présent, dans un programme exigeant où le stress et l’usure du quotidien peuvent facilement induire une déconnexion de ses émotions, et stimuler l’empathie, une qualité essentielle à la profession. Il faudra probablement plus que quelques cours pour atteindre le premier. Mais le deuxième, lui, a résisté à l’épreuve des faits : en 2016, une revue de littérature faite par des chercheurs de l’Université de Montréal et du CHU Sainte-Justine répertoriait cinq études dont la conclusion était que la méditation pleine conscience avait amélioré l’empathie chez des travailleurs de la santé. (Mais en avait aussi poussé certains à réaliser leur épuisement professionnel, voire à douter d’être à leur place dans ce domaine [1].)

C’était ce qu’il fallait démontrer. Car beaucoup de professionnels et de patients, moins formés à l’art du doute méthodique et de la compréhension physiologique, n’ont pas eu besoin de preuves quantitatives pour intégrer la méditation à leur quotidien. Mais pour qu’elle puisse commencer à être considérée comme un réel traitement, pour qu’elle s’intègre à des plans thérapeutiques et fasse partie de conduites à tenir, il fallait que la recherche lui donne ses lettres de noblesse. Elle en reçoit de plus en plus.

C’est d’ailleurs un scientifique à qui on peut difficilement contester ce titre qui a commencé à jeter des ponts entre les deux. Jon Kabat-Zinn, docteur en biologie moléculaire et professeur de médecine à l’Université du Massachusetts, a fondé en 1979 sa première clinique de réduction du stress utilisant sa technique appelée Mindfulness-Based Stress Reduction (MBSR). En 2014 déjà, au-dessus de 250 hôpitaux dans le monde utilisaient sa méthode comme un outil de soin. Lentement mais surement, elle fait son chemin au Québec. L’article de Santé inc. donné en référence rapporte des témoignages intéressants de médecins-conseils du Programme d’aide aux médecins du Québec (PAMQ) qui ont suivi des formations à la MBSR et en sont ressortis grandis[2].

Bien entendu, pour le patient, il peut être déstabilisant de se faire prescrire non pas tant de comprimés par jour… mais tant de séances de respiration par jour. Heureusement, pour l’accompagner dans ce changement de culture, il existe sur le marché toutes sortes d’applis qui aident à faire les premiers pas dans l’univers de la pleine conscience. Dans une prochaine édition de cette chronique, je vous en présenterai quelques-unes parmi les plus connues et ferai une sommaire évaluation de chacune d’entre elles.


Frédéric Tremblay, rédacteur en chef 2018-2019
Première ligne, la revue des médecins de famille de demain

 

 

[1] Radio-Canada ICI, Méditation obligatoire pour les futurs médecins

[2] Santé inc., Médecins sans stress

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