La médecine d’urgence avec Dre Renée Blondin

La médecine d’urgence avec Dre Renée Blondin
Le « cannot intubate, cannot ventilate » est une source importante de préoccupation pour tout médecin. Toutefois, diverses simulations et de pratiques sont offertes afin de préparer toute l’équipe de réanimation à des situations à haute charge d’intensité et d’émotionsPhoto : Nuiza11, Shutterstock

Le présent article a été rédigé avec la précieuse collaboration de la Dre Renée Blondin, médecin de famille, pratiquant exclusivement à l’urgence de deux centres hospitaliers universitaires de l’Île de Montréal. Cet article vise à mettre en lumière et élucider les différents mythes et réalités entourant la pratique de médecine à l’urgence par un médecin de famille ainsi qu’à répondre aux questions les plus fréquemment soulevées par les étudiants. En espérant éveiller votre intérêt envers la pratique de médecine à l’urgence et peut-être même vous convaincre de l’expérimenter, qui sait?

Dre Renée Blondin
Ayant initialement un intérêt marqué pour la chirurgie, Dre Blondin a d’abord entamé une résidence en gynécologie-obstétrique avant d’amorcer sa résidence en médecine familiale à l’Université de Montréal. Or, désirant avoir une meilleure conciliation travail et vie familiale, elle a décidé de poursuivre sa formation médicale en médecine de famille. Bien que cette décision se soit initialement prise à contrecœur, Dre Blondin souligne que ce fut, en rétrospective, l’une des meilleures décisions sur le plan professionnel qu’elle ait prise puisqu’elle a découvert, dès le début de sa résidence en médecine familiale, son nouveau champ d’intérêt pour la pratique à l’urgence. En effet, ce fut, pour cette dernière, un réel coup de foudre puisque ce domaine médical ralliait à la fois sa passion pour les situations à haut niveau d’intensité ainsi que le volet technique qu’elle appréciait des spécialités chirurgicales.

Au terme de sa formation médicale en 1998, et ce, jusqu’à ce jour, Dre Blondin exerce sa pratique d’omnipraticienne à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) exclusivement à l’urgence. Son grand savoir expérientiel lui a ensuite permis, en 2008, d’acquérir également un poste à l’urgence au CHU Sainte-Justine où elle exerce, notamment, à l’unité de traumatologie. Son temps étant également partagé entre ces deux milieux, Dre Blondin est en mesure d’amener son expertise pédiatrique à l’HMR et est d’ailleurs devenue une ressource en la matière. En plus d’en faire bénéficier ses collègues, ceci lui a également permis d’améliorer la prise en charge des patientes et des patients pédiatriques dans ce milieu de soins.

Quels sont les aspects les plus gratifiants de votre pratique?
Dre Blondin considère que les aspects les plus gratifiants de sa pratique sont de soulager les souffrances physiques et psychologiques des patientes et des patients à sa charge, ainsi que de sentir qu’elle a fait une différence dans leurs vies. En effet, de ses dires, sa pratique à l’urgence lui apporte une très grande satisfaction lorsqu’elle parvient à sauver la vie d’une patiente ou d’un patient et qu’elle voit le résultat de son intervention.

Quels sont les plus grands défis auxquels un médecin à l’urgence doit faire face dans sa pratique?
En revanche, de l’avis de la Dre Blondin, le plus grand défi auquel un médecin à l’urgence doit faire face dans sa pratique est sans aucun doute la communication qu’elle doit entretenir avec les différents corps médicaux. En outre, la pierre angulaire d’une bonne réanimation réside dans l’établissement et la répartition des priorités au sein de l’équipe interdisciplinaire qui est d’ailleurs chapeautée par le médecin qui pratique à l’urgence. Pour ce faire, dans le cadre de son travail, il est primordial que ce dernier soit en mesure de mettre tous les membres de son équipe à l’aise et qu’une harmonie règne au sein de cette dernière.

Cela étant dit, la patiente ou le patient que le médecin « cannot intubate, cannot ventilate » demeure tout de même, selon elle, une source importante de préoccupation pour tout médecin. Pour ce faire, diverses simulations et de pratiques sont offertes afin de préparer toute l’équipe de réanimation à des situations à haute charge d’intensité et d’émotions.

Quelles sont les qualités primordiales pour être un bon médecin qui pratique à l’urgence?
Les qualités que Dre Blondin considère comme étant importantes pour être un médecin pratiquant à l’urgence sont l’envie du risque, la gestion du stress, ainsi que la capacité d’adaptation face aux changements d’horaire constants. Or, elle ajoute qu’il est également primordial d’avoir un respect et une reconnaissance envers le travail des autres professionnels de la santé afin d’assurer une communication et une relation interpersonnelle adéquate avec ces derniers. Enfin, elle souligne que la capacité à demeurer ouvert d’esprit face aux diagnostics différentiels sans tomber dans des biais préconçus est également indispensable à tout médecin pratiquant à l’urgence.

Quelles sont les spécialités médicales exercées à l’urgence?
Dans un premier temps, Dre Blondin souligne que jusque dans le début des années 1990, la profession d’urgentologue était complètement différente. À cet égard, la profession n’était pas exclusivement exercée par un urgentologue, soit un médecin spécialiste en médecine d’urgence. De ce fait, il s’agissait d’un médecin de famille exerçant des gardes à l’urgence avec la collaboration de différents médecins spécialistes qui se joignaient à l’équipe de soins selon la présentation clinique et la pathologie apparente de la patiente ou du patient.

Dre Blondin précise ensuite que les médecins de famille, les médecins de famille avec un certificat de compétences avancées en médecine d’urgence (MU3) ainsi que les médecins spécialistes en médecine d’urgence (MU5) sont habiletés à pratiquer à l’urgence, et ce, autant dans les milieux dits universitaires que communautaires. Or, l’obtention d’un MU3 peut donner ouverture à davantage de postes, notamment dans les milieux universitaires.

Existe-t-il une différence entre les rôles d’un médecin ayant terminé une spécialité en médecine d’urgence et un médecin de famille pratiquant à l’urgence?
Dre Blondin explique qu’il n’y a aucune différence dans les rôles d’un médecin ayant complété une spécialité en médecine d’urgence et un médecin de famille ayant une pratique orientée vers l’urgence. Autrement dit, il n’y a pas de tâches ni d’actes qui sont exclusivement réservés aux médecins ayant complété une spécialité en médecine d’urgence. Les médecins issus des deux contingents exercent exactement le même travail.

Cela dit, il importe de souligner que le Collègue des médecins du Québec restreint toutefois l’utilisation du titre « urgentologue » aux médecins détenteurs d’un certificat de spécialiste en médecine d’urgence. Ainsi, un médecin de famille qui exerce dans une salle d’urgence ne peut s’identifier à titre d’urgentologue, d’urgentiste ou même de médecin d’urgence.

Quels sont vos conseils pour toute étudiante ou tout étudiant désirant orienter leur pratique de médecine de famille vers l’urgence?
Pour tout étudiant désirant orienter leur pratique de médecine de famille vers l’urgence, Dre Blondin encourage fortement de compléter un programme de compétences avancées en médecine d’urgence afin de développer un bagage de connaissances solides et de parfaire ses compétences en la matière. En outre, de son avis, une bonne exposition à plusieurs pathologies courantes est nécessaire afin d’acquérir une aisance en salle d’urgence et un jugement clinique approprié.

À PROPOS DE L’AUTRICE

Élizabeth Gagné-Larose
Université de Montréal, promotion 2026
Coprésidente du GIMF de l’Université de Montréal

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