Portrait d’un médecin omnipraticien expert en psychogériatrie

Portrait d’un médecin omnipraticien expert en psychogériatrie
Dr Bernier décrit la psychogériatrie comme une surspécialité de la médecine familiale, bien qu’elle ne soit pas actuellement reconnue ainsi. En fait, il explique que c’est une pratique centrée sur l’évaluation et le suivi des personnes âgées ayant généralement un trouble cognitif et psychiatrique .

Présentation du Dr Patrick Bernier

Avant d’occuper son poste actuel, Dr Bernier a amorcé son parcours académique en terminant un baccalauréat en biologie ainsi qu’une maîtrise en neurobiologie. Il a, par la suite, intégré le doctorat en médecine de l’Université Laval. De plus, parallèlement à ses études, il a terminé un doctorat en neurobiologie. Maintenant médecin spécialiste en médecine de famille et expert en psychogériatrie, il porte toujours de nombreux chapeaux. Dr Bernier occupe le poste de professeur agrégé de clinique à la faculté de médecine de l’Université Laval ainsi que celui de conférencier, notamment au sujet des symptômes comportementaux et psychologiques de la démence et des troubles neurocognitifs majeurs. De plus, il dirige des initiatives en recherche sur les courbes cognitives, occupe le poste de premier vice-président de l’Association des médecins omnipraticiens de Québec et est impliqué dans divers comités de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec à Montréal. En outre, il met un point d’honneur à créer des balados informatifs et vulgarisés sur divers sujets médicaux.

Pourquoi devenir médecin omnipraticien expert en psychogériatrie?

D’abord, Dr Bernier a été séduit par la diversité, la liberté de pratique ainsi que par la mosaïque d’expertises possibles qu’offre la spécialisation en médecine familiale. Ensuite, il souligne qu’il remercie le hasard d’avoir mis sur son chemin la psychogériatrie. Ayant toujours eu un fort intérêt pour la psychiatrie et la gériatrie, il souhaitait initialement diriger sa pratique vers les hôpitaux de jour (c’est-à-dire des cliniques externes de réadaptation interdisciplinaire). Bien que le rôle d’un médecin de famille en psychogériatrie lui était obscur à l’époque, c’est sous les conseils de son mentor Dr Jean-Pierre Beauchemin qu’il a décidé de choisir cette branche. Maintenant, 20 ans plus tard, il affirme avec enthousiasme le bonheur quotidien que lui procure son travail dans ce domaine.

Qu’est-ce que la psychogériatrie?

Dr Bernier décrit la psychogériatrie comme une surspécialité de la médecine familiale, bien qu’elle ne soit pas actuellement reconnue ainsi. En fait, il explique que c’est une pratique centrée sur l’évaluation et le suivi des personnes âgées ayant généralement un trouble cognitif et psychiatrique. En ce sens, son travail permet de limiter les consultations qui contribuent à engorger les salles d’urgence, les hôpitaux et les centres d’hébergement. En outre, les abus financiers, les troubles de la personnalité ainsi que les troubles liés aux substances sont des aspects cliniques importants et fréquents chez la patientèle de Dr Bernier. Il collabore régulièrement avec des spécialistes en neurologie, en psychiatrie ou encore en gériatrie afin de s’occuper de patientes et patients se trouvant dans une zone grise de prise en charge. Il précise que son rôle n’est pas d’être une somme de ces trois spécialités, mais d’être une entité différente et complémentaire pour permettre une prise en charge globale de ces patients.

Philosophie de la pratique

Le bonheur de ses patients est hors de tout doute la pierre angulaire du travail de Dr Bernier. En effet, l’un des objectifs principaux de sa pratique est de faire en sorte que ses patients aient le plus grand sentiment de satisfaction après ses consultations. En effet, il souligne l’importance de ne pas sous-estimer les actions sur le plan du bien-être chez les patients souffrant de troubles psychiatriques, car la lutte contre un sentiment de détresse et de souffrance profond est fréquente. Il estime que la santé ainsi que le bien-être psychologique sont tout aussi prioritaires et qu’ils devraient être au cœur de l’approche thérapeutique.

Semaine typique

Afin d’illustrer une semaine typique et son rôle dans l’équipe de soins, il compare le fonctionnement du centre à celui de l’hôpital. Les patients lui sont référés et il les admet sous ses soins. En ce sens, il prend connaissance du dossier, rencontre le patient, procède aux évaluations et produit un plan de traitement. Son rôle est d’abord de stabiliser l’aspect psychiatrique, puis d’établir un diagnostic cognitif. La complexité des pathologies et la vulnérabilité des patients font en sorte que le débit général hebdomadaire est inférieur à celui d’un médecin de famille en bureau. De plus, la durée d’un suivi moyen dans le cadre de sa pratique est comprise entre 6 à 9 mois.

Parcours pour accéder à la psychogériatrie en tant que médecin omnipraticien

Deux parcours existent afin développer ce type d’expertise. D’abord, une troisième année à la résidence de médecine familiale est offerte afin de poursuivre et de cibler la formation pour mieux répondre aux exigences des soins aux personnes âgées. Une formation spécifique en psychogériatrie n’existe toutefois pas actuellement. Le développement d’un «Fellowship» pour développer cette expertise spécifique à la médecine de famille serait certainement à considérer. Il est important de souligner qu’une deuxième voie existe. Un médecin de famille n’ayant pas fait cette année supplémentaire peut tout de même occuper le poste. Cependant, Dr Bernier mentionne que cette option n’est pas optimale et que le médecin devra redoubler d’efforts afin de développer davantage certaines aptitudes spécifiques. Il s’agit d’un processus d’apprentissage continuel et il peut falloir un certain temps avant que le sentiment de confort du clinicien soit maximal.

Comparaison avec une pratique traditionnelle

D’abord, à la différence de la médecine de famille en cabinet, les suivis longitudinaux sont d’une durée maximale de quelques mois. De plus, il mentionne que la plus grande différence est que son champ de pratique est moins vaste que celui d’une pratique de médecine familiale traditionnelle. En effet, les médecins omnipraticiens ont l’habitude d’avoir un large éventail de conditions de santé pour lesquelles ils doivent assurer une prise en charge complète. Par exemple, ils devront s’occuper de pathologies dermatologiques, pulmonaires et cardiaques chez un même patient. De son côté, Dr Bernier se concentre sur l’aspect neuropsychiatrique des pathologies.

Distinction de l’expertise et des autres spécialités

La distinction entre le rôle d’un médecin omnipraticien expert de ce domaine et celui des autres médecins spécialistes tels que les gériatres, les neurologues et les psychiatres peut être difficile à saisir. Dr Bernier explique que c’est la façon de faire du médecin de famille qui est au cœur même de son identité dans cette pratique. Les médecins omnipraticiens ont l’habitude de considérer le patient dans son entièreté, et ce, en accordant une grande importance à l’ensemble de ses sphères telles que son passé, son présent, ses aspirations futures, son cercle social ou encore ses peurs et ses attentes. De plus, le médecin de famille est formé pour avoir une très bonne compréhension de l’ensemble des systèmes et des types de patientèles. Par conséquent, cette diversité de connaissances permet d’avoir une approche complémentaire et globale.

À qui cette expertise conviendrait?

Afin d’offrir un service de qualité et adapté à ce type de patientèle, certains traits caractéristiques de la personnalité d’un clinicien doivent être particulièrement développés. D’abord, Dr Bernier souligne l’importance de fondamentalement aimer et comprendre les humains. Il mentionne que ce sont des patients qui peuvent avoir un passé ou un état actuel particulier, mais que tous méritent de se sentir accueillis, écoutés et acceptés. De plus, la curiosité et la rigueur intellectuelle sont des qualités qui sont constamment mises de l’avant. En effet, ces patients ont des besoins ainsi que des pathologies qui sont complexes, il est donc important d’investir beaucoup de temps dans le raisonnement et dans la relation avec le patient. Pour sa part, il mentionne que l’humanisme et l’esprit d’inclusion sont les valeurs phares de sa pratique. Il se souvient d’ailleurs d’un message que son père lui a toujours inculqué, « Nous sommes tous des humains égaux, mais simplement différents. »

À PROPOS DE L’AUTEUR

Joé Lantagne
Université Laval, promotion 2026 
Coprésident du GIMF de l’Université Laval

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