Dre Rébecca Bourgault est une médecin de famille qui pratique actuellement exclusivement en obstétrique et périnatalité en région. J’ai eu le plaisir de faire sa connaissance lors d’un évènement organisé par le Collège québécois des médecins de famille (CQMF). Au fil de nos discussions sur la pratique de la médecine familiale, j’ai été particulièrement inspirée par sa pratique professionnelle unique. J’ai eu l’honneur de m’entretenir de nouveau avec Dre Bourgault lors d’une entrevue afin d’en apprendre davantage sur la pratique de la médecine familiale et de la périnatalité en région.
Quel est votre parcours académique?
Dre Rébecca Bourgault, originaire de la Rive-Sud de Montréal, a poursuivi ses études en médecine à l’Université Laval à Québec, aux côtés de sa sœur jumelle. Au cours de son pré-clinique, elle a vécu sa première expérience à l’international : « Ce stage à Madagascar m’a permis de vivre une immersion dans un système de santé différent de celui au Québec, m’a complètement déboussolée et m’a ouvert les yeux ». Elle a ensuite décidé de prendre une année sabbatique avant son externat et de partir en sac à dos en Asie du Sud-Est : « C’était une aventure exceptionnelle qui m’a permis de vivre des expériences humaines en faisant du bénévolat, en travaillant comme professeur d’anglais dans des écoles et des orphelinats. Ce voyage m’a permis de choisir à nouveau la médecine de manière plus consciente et éclairée ». Elle a ensuite poursuivi son externat, durant lequel elle a fait un stage international en Tunisie, et a entamé sa résidence en médecine familiale à l’UMF Laurier à Québec, au cours de laquelle elle a fait un stage international au Bénin. Après sa résidence, elle a suivi le programme de compétences avancées en périnatalité (R2B) au sein de l’Université McGill.
Pourquoi avoir choisi la médecine familiale comme spécialité?
Dre Bourgault explique : « En fait, c’est mon désir de faire de la médecine familiale qui m’a amené à appliquer en médecine. Ce désir est né en voyant ma propre médecin de famille avoir toujours cette écoute, cette approche particulière qui nous donne tout le temps l’impression qu’elle nous connait réellement et qu’elle s’intéresse vraiment à notre histoire. Elle dégageait une belle énergie et avait l’air d’être passionné par son travail ». Elle rajoute : « Pendant mon externat, j’ai gardé cette vision de vouloir être en contact direct avec les patients. J’ai particulièrement adoré mes stages de médecine familiale, d’obstétrique, puis de pédiatrie. J’aimais vraiment le contact humain et cet aspect d’accompagnement ». En parlant des interactions humaines en médecine familiale, Dre Bourgault poursuit : « Oui, la science m’intéresse. Je trouve passionnant de comprendre comment le corps humain fonctionne et comment les pathologies se manifestent. Cependant, ce qui me fascine le plus, c’est la manière dont l’être humain vit et surmonte ces défis. En tant que médecins, nous avons la capacité d’accompagner nos patients à travers tout cela avec le meilleur de nos compétences, et c’est précisément cet aspect de la médecine familiale qui m’a le plus attiré ».
Comment avez-vous découvert votre intérêt pour la périnatalité ?
Durant son externat, Dre Bourgault explique qu’elle a réellement eu un coup de cœur pour l’obstétrique : « À chaque fois que je me retrouvais en salle d’accouchement, je me rendais compte que je n’avais pas l’impression de travailler. Je me sentais tellement choyée et privilégiée de pouvoir assister à ces naissances, de pouvoir accompagner les familles dans un des moments les plus importants et les plus intenses de leur vie ». Elle poursuit : « Pendant ma résidence, j’ai aussi goûté aux maisons bleues, le programme de périnatalité sociale que j’ai évidemment adoré, qui rejoignait mon côté communautaire ». À partir de ces moments-là, Dre Bourgault rajoute qu’elle n’avait plus aucun doute, elle devait absolument continuer dans cette voie-là.
Quel est votre parcours professionnel?
Après avoir terminé sa résidence en médecine familiale ainsi que le programme de compétences avancées en périnatalité, Dre Bourgault a débuté sa pratique comme médecin de famille à Drummonville dans un milieu qu’elle décrit comme très stimulant avec une pratique variée et diversifiée. Pendant deux ans et demi, elle y faisait de la supervision et de l’enseignement, de la prise en charge, des urgences mineures, des soins à domicile ainsi que des gardes d’obstétrique en salle d’accouchement. Pour des raisons personnelles, Dre Bourgault se devait de quitter Drummonville et s’est donc lancée dans le monde du dépannage en région depuis l’été de l’année dernière. Elle explique : « Ça a toujours été quelque chose qui m’intéressait, cette vision-là de faire de la médecine et de l’obstétrique en régions éloignées du Québec. J’avais envie d’avoir ce contact vraiment privilégié avec les patients, certes avec moins de spécialistes pour nous aider, mais en même temps, une belle autonomie de pratique. Il y avait aussi le fait de découvrir les différentes régions, qui correspondait parfaitement à mon côté un peu nomade ». Depuis, elle exerce exclusivement comme médecin dépanneur en obstétrique en région, à divers endroits tels que La Gaspésie, les Îles-de-la-Madeleine, Sainte-Anne-des-Monts, l’Abitibi, La Tuque et bien d’autres milieux.
Comment vous avez découvert la pratique en région?
Pendant son externat, Dre Bourgault a eu le privilège de découvrir la médecine en région aux Îles-de-la-Madeleine. Elle a également vécu d’autres expériences enrichissantes en région au cours de sa résidence. Elle explique : « J’ai toujours trouvé que la pratique de la médecine en région était véritablement exceptionnelle. Le médecin de famille y est réellement au cœur des soins de tous ses patients. En région, la communication, les échanges et le travail d’équipe sont plus faciles, il y a beaucoup moins d’hiérarchie et bien plus de collégialité ». Dre Bourgault conclut en soulignant que pratiquer en région lui permet de combiner l’exercice de la médecine à la paix et au calme de la région.
À quoi ressemble un horaire de pratique de dépannage en région?
Selon Dre Bourgault, une semaine de garde typique en dépannage en région s’étend généralement du lundi à 8h00 jusqu’au lundi suivant à 8h00. L’avantage de cet horaire réside dans la possibilité de choisir le lieu et la période de travail en fonction des besoins des différents milieux. Il est également possible de planifier une semaine de garde sur deux ou trois semaines, tout en les combinant avec d’autres activités professionnelles que l’on souhaite réaliser. Cela permet une grande flexibilité dans la gestion de son emploi du temps.
Quels sont les avantages et les défis de pratiquer en région?
Les avantages de la pratique en région sont nombreux. Les plus importants, aux yeux de Dre Bourgault, sont le contact privilégié avec les patients, la collégialité entre les membres des équipes de soins, la nature qui nous entoure en région, en plus de la flexibilité d’horaire. Pour ce qui est des défis, Dre Bourgault explique qu’il est fréquent, surtout en début de pratique, de ressentir la crainte des premières décisions difficiles et des premières complications à gérer sans la présence d’un gynécologue ou d’un pédiatre présent sur place. Il y a également le changement fréquent de milieu, qui peut rendre l’adaptation plus complexe. Enfin, l’éloignement de la famille et des proches constitue aussi un facteur à considérer lorsqu’on exerce en région.
Quel est l’aspect le plus gratifiant de votre pratique?
Selon Dre Bourgault, la reconnaissance manifestée par les patients, les familles ainsi que les équipes de soins constitue l’aspect le plus gratifiant de sa pratique de dépannage en région. Elle explique qu’elle ressent une grande gratitude de leur part, non seulement pour son déplacement, mais aussi pour sa présence afin de répondre aux besoins des milieux et des patients qu’elle accompagne.
Quels sont vos conseils pour les étudiantes et les étudiants qui souhaitent pratiquer en région?
« Je suis convaincue que c’est en région que la médecine familiale est à son plus complet, à son plus beau, à son plus vrai », exprime sans hésitation Dre Bourgault. Elle recommande vivement aux étudiants en médecine de saisir toutes les opportunités pour découvrir les milieux en région. Que ce soit à travers les différents stages de l’externat ou de la résidence ou bien à travers les activités exploratoires organisées, elle souligne qu’il est réellement bénéfique de partir à la rencontre des médecins et des équipes de soins en région. Explorer ces milieux permet non seulement de mieux comprendre leur fonctionnement, mais aussi de s’immerger dans la culture locale. En somme, elle conclut : « Mettre les pieds en région, c’est inévitablement y prendre un goût ».
À PROPOS DE L’AUTRICE
Moufida Lilia Mansseri
Université de Montréal, promotion 2024
Coprésidente du GIMF de l’Université de Montréal