Il est 6 h 30 et l’avion ambulance de l’ÉVAQ, le programme d’évacuations aéromédicales du Québec, est prêt pour son premier décollage de la journée. À son bord, le Dr Rémi Côté et l’infirmière Sulie Lecours entament leur garde de 12h. L’avion est équipé de trois civières ainsi que d’un incubateur et possède tout le matériel nécessaire pour le transfert de patients polytraumatisés et intubés. Après 1300km de vol, l’avion se pose sur la piste de Kuujjuaq où la petite Smilla, 3 ans, attend l’arrivé de l’avion avec les ambulanciers du coin. Elle vient d’un autre village d’où elle a été transférée avec une suspicion d’appendicite. La patiente est stable et nous la transférerons vers Montréal pour qu’elle soit évaluée. Durant le vol, si des interrogations se posent, l’Iphone devient une ressource d’information précieuse. Les applications préférées de Dr Côté sont Pepid, qui comprend une multitude d’outils cliniques, et Pédistat. Il utilise aussi de nombreux textbook, accessible sur son Ipad. La journée se poursuit avec des cas multiple: prématuré, trauma et patient nécessitant une imagerie médicale. En vol, on ne sait jamais si l’avion sera détourné pour prendre un cas plus urgent dans une autre région : La Gaspésie, la côte-nord, l’Abitibi ou le Nord-du-Québec. Le programme gouvernemental ÉVAQ dessert toutes les régions éloignées du Québec. D’autres petites compagnies privées effectuent du transport sanitaire mais l’essentiel des services au Québec y sont concentrés. Il permet aussi le transfert de patient en mort cérébrale pour le don d’organe.
Dr Côté, diplômé de l’Université Laval, commence sa pratique en médecine familiale en 1976. En 1987, il devient médecin d’urgence au CHUL et comme la plupart des médecins d’urgence de Québec, il effectue des gardes de 24h sur l’avion ambulance. Aujourd’hui, les gardes sont de 12h, une de nuit et une de jour, et une trentaine de médecin alternent leur tour. Afin de pratiquer sur l’ÉVAQ, on doit être médecin d’urgence et détenir certaines formations supplémentaires : Advanced cardiorespiratory life support (ACLS), Advanced Trauma Life Support (ATLS), Pediatric Advanced Life Support (PALS), le cours de réanimation néonatale STABLE et une semaine de formation en néonatalogie.
Pour Dr Côté, le plus agréable est de s’occuper de cas complexes qui nécessitent une évacuation vers les grands centres. «On se sent utile et on sent qu’on peut vraiment faire la différence». Il s’agit aussi d’un travail d’enseignement, car plusieurs résidents y effectuent leurs stages. Les évacuations aéromédicales nécessitent une connaissance approfondie de la médecine aéronautique afin d’assurer la stabilisation et le suivi médical de patients présentant des pathologies très variées et parfois des situations urgentes, le tout en vol à plusieurs mètres d’altitude et avec des ressources cliniques limitées. Pour Dr Côté, le plus difficile demeure, après toutes ces années, les atterrissages lorsqu’il y a beaucoup de vent et les turbulences, même si le tout est très sécuritaire. « La peur, c’est quelque chose qu’on ne peut contrôler complètement».
Les évacuations médicales sont donc une activité stimulante et différente pour le médecin de famille pratiquant en urgence. Il est possible d’effectuer un stage à l’ÉVAQ en tant que résident. Dr Côté, dynamique et accueillant, se fera un plaisir de vous faire découvrir une partie de sa pratique que peu de médecin exercent au Québec.
Samuel Caron Rousseau, Université Laval