Cher lecteurs,
Il me fait grand plaisir de prendre la barre de ce magnifique outil d’information qu’est le webzine Première Ligne. J’espère que toute l’équipe de rédaction parviendra à vous faire rêver, à vous informer, à vous faire réfléchir et ultimement à vous faire considérer une carrière en médecine de famille.
Je souhaite commencer l’année en vous ramenant un an en arrière lors de la campagne électorale provinciale alors que tous les partis politiques proposaient aux électeurs un médecin de famille pour chaque citoyen. Comment l’accessibilité à un médecin de famille a-t-elle pu devenir un enjeu politique majeur et être réclamée par tous? Il semble en effet que ce pourrait être la clé à plusieurs problèmes d’efficacité et d’accessibilité au système de santé en général. Devant une telle proposition, on peut se demander pourquoi l’accès à un médecin de famille pour tous est-il nécessaire et comment parvenir à un tel but?
Pourquoi une société comme la nôtre devrait-elle assurer à ses citoyens l’accès à un médecin de famille? Après tout, l’accès actuel aux spécialistes, infirmières, super-infirmières, pharmaciens, de même que les services d’urgence, de CLSC et les cliniques privées désaffiliées ne permettent-ils pas d’assurer une couverture médicale adéquate des patients orphelins de médecin de famille? En fait, ce manque d’accessibilité représente une faille, dans la santé des individus et dans celle des populations. Avec une espérance de vie qui augmente, une multitude de patients se retrouvent avec un nombre important de comorbidités dont plusieurs problèmes chroniques touchant des systèmes physiologiques variés. Qui peut assurer le suivi de tableaux cliniques si complexes? Le médecin d’urgence? Le cardiologue? L’interniste une fois le patient hospitalisé? Bien sur que non. Ces médecins, certes nécessaires, sont spécialistes dans un épisode aigu d’un problème précis. Le médecin de famille est celui qui peut assurer un suivi complet des cas complexes. Même pour les cas moins compliqués, quel médecin pourra adresser dans une même consultation votre psoriasis, votre dépression et votre cholestérol si ce n’est qu’un médecin de famille. Les patients orphelins n’ont souvent que l’urgence comme option en cas de problème de santé. Or, comme son nom l’indique, elle devrait être réservée comme dernier recours pour les problèmes graves et aigus. De plus, le médecin de famille a une place privilégiée auprès de son patient en ce qui a trait à la prévention des maladies et à la promotion de saines habitudes de vie. Offrir l’accès à un médecin de famille est donc une mesure de santé publique, de promotion de la santé dans les populations. En somme, le médecin de famille a le pouvoir d’agir comme coordonateur afin d’offrir à son patient le bon service médical au moment opportun. Cela évite de gaspiller le temps de plusieurs spécialistes et de monopoliser des plateaux et du matériel médical inutilement, notamment l’imagerie. Convaincus de la nécessité d’améliorer l’accessibilité au médecins de famille?
Comment y arriver alors? La volonté politique doit se maintenir au niveau où elle était en campagne électorale en permanence. Il ne s’agit pas que d’augmenter le nombre de médecins de famille mais d’assurer une meilleure organisation des soins afin qu’un plus grand nombre de patients puissent être pris en charge. L’implantation des GMF fut d’ailleurs un grand pas dans cette direction et on doit poursuivre le développement de ce système en y intégrant davantage les pratiques multidisciplinaires et le soutien des spécialistes. L’efficacité des médecins de famille pourrait aussi être améliorée encore davantage par une méthode de gestion telle que l’«Accès adapté » (Voir la section « Médecin Vedette » de l’édition du mois de février 2013) et un soutien technologique adéquat dans les cliniques, notamment par le Dossier Médical Électronique.
Bref, les solutions aux problèmes d’accessibilité à un médecin de famille sont nombreuses et nous, qui constituons la relève, devons s’intéresser à ces questions pour devenir l’acteur central de la santé de tous les citoyens.
Bonne année scolaire!
Samuel Caron
Rédacteur en chef