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« J’ai d’abord fait des études de génie à la Polytechnique de Montréal. C’était mon inclinaison initiale, pour satisfaire ma soif de comprendre comment les choses marchent. »
La médecine familiale jusque dans l’espace
Chaque numéro de Première ligne met à l’honneur un médecin de famille du Québec qui s’illustre sur la scène québécoise, canadienne ou internationale ou qui a une pratique non conventionnelle ou particulièrement inspirante. Pour son premier numéro, Première ligne a eu la chance de pouvoir s’entretenir avec Dr David Saint-Jacques, médecin de famille et astronaute.
P.L. Bonjour Dr Saint-Jacques. Il y a environ un an, vous deveniez l’un des deux nouveaux astronautes de l’Agence spatiale canadienne, sélectionnés parmi quelque 5350 candidats. C’était la réalisation d’un rêve d’enfance. C’était aussi l’aboutissement d’un parcours professionnel plutôt atypique. Racontez-nous votre cheminement.
D.S.J. J’ai d’abord fait des études de génie à la Polytechnique de Montréal. C’était mon inclinaison initiale, pour satisfaire ma soif de comprendre comment les choses marchent. J’ai ensuite travaillé un an comme ingénieur de conception. Puis, je suis parti faire un doctorat d’astrophysique à Cambridge (Angleterre) et j’ai travaillé une dizaine d’années comme chercheur, dans plusieurs pays à travers le monde. Au début de la trentaine, je suis revenu au Québec faire médecine, à l’Université Laval. J’étais rendu à une étape de ma vie où j’étais plus intéressé aux gens qu’aux machines et aux équations.
P.L. Vous avez choisi la médecine familiale alors que vous aviez l’embarras du choix. Pourquoi?
D.S.J. Après l’externat, j’ai décidé de ne pas me spécialiser, probablement parce que tout m’intéressait! J’étais attiré par le côté holistique de la médecine familiale. De plus, j’avais eu la chance d’être exposé à d’excellents médecins de famille durant plusieurs stages d’externat, qui m’ont servi de modèles par la suite.
P.L. Une fois votre résidence terminée, à l’Université McGill, vous êtes parti travailler dans le Grand Nord, auprès des Inuits. Pourquoi?
D.S.J. J’ai entamé mes études en médecine en pensant travailler dans l’humanitaire. La vie a mis Dr Marc Forget sur mon chemin, un médecin qui fait des missions chez MSF (Médecins sans frontières) et qui travaille au Nunavik. Ses histoires du Nord m’ont intrigué. Le Grand Nord est une région d’une beauté incroyable et les Inuits sont un peuple dont nous avons beaucoup à apprendre. Du point de vue professionnel, le défi est de taille. Là-haut, les médecins de famille font tout et sont responsables de tout.
Dr Saint-Jacques (à droite) avec le Major Jeremy Hansen (à gauche), l'autre recrue de l'agence spatiale canadienne. Major Hansen est pilote de CF-18 au sein des forces armées canadiennes et, comme tous les astronautes, il doit apprendre les techniques de base de médecine d'urgence. Intubation réussie!
P.L. Comment pensez-vous allier la médecine et l’espace?
D.S.J. Parmi les astronautes, il y a bien sûr beaucoup de pilotes militaires, mais le deuxième groupe en importance est celui des médecins. Tous les astronautes reçoivent une formation paramédicale raisonnablement poussée. Il y a également beaucoup de recherche biomédicale qui se fait en apesanteur à bord de la Station spatiale internationale et je vais sûrement être appelé à y contribuer.
Finalement, il y a de la recherche opérationnelle qui se fait pour améliorer les modalités de télémédecine et augmenter l’autonomie médicale des équipages en mission. Les applications vers la médecine en régions isolées sur Terre sont directes et ce domaine m’attire particulièrement.
P.L. Comment réussissez-vous à garder un bon équilibre entre votre vie professionnelle et votre vie personnelle, amoureuse et familiale?
D.S.J. La question à un million! Mon nouveau travail est si fascinant qu’il serait facile de s’y laisser aspirer entièrement. Ma conjointe respecte les exigences de ma carrière, mais ne se gêne pas pour demander sa juste part de mon attention. Elle garde le cap et sait toujours me ramener à l’équilibre!
P.L. En terminant, vous savez que tous les Québécois n’ont pas accès à un médecin de famille et que les étudiants en médecine semblent préférer les spécialités. Qu’en pensez-vous?
D.S.J. Chacun a ses raisons de choisir une branche plutôt qu’une autre et c’est très bien ainsi. Malheureusement, j’ai l’impression que, dans la tourmente de l’externat, beaucoup d’étudiants n’ont pas suffisamment l’occasion d’être exposés à la médecine familiale. Mon conseil : assurez-vous de faire quelques stages avec des médecins de famille. Même si vous êtes convaincus que votre avenir est en spécialité, c’est important de bien comprendre la nature du travail des médecins de famille, car vous aurez à collaborer avec eux toute votre carrière.
P.L. Je vous remercie d’avoir accordé cette entrevue à Première ligne. Je vous souhaite beaucoup de succès dans vos prochaines aventures!
D.S.J. Tout le plaisir est pour moi. Salutations à vos lecteurs et bonne chance dans votre carrière! Surtout, n’oubliez pas d’avoir du fun!
Dans ce numéro
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- Les variétés de pratique
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- Médecin de famille vedette
- Étudiante vedette
- Chronique techno
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Geneviève Bois
« Plusieurs causes me tiennent à coeur, mais c’est le fléau mondial qu’est la tuberculose qui m’indigne le plus! », lance-t-elle. Conséquente, Geneviève a contribué à la sensibilisation des étudiants en médecine en mettant sur pied la campagne Pour un second souffle!, qui organise des activités lors de la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose le 24 mars... +
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« Le Grand Nord est une région d’une beauté incroyable et les Inuits sont un peuple dont nous avons beaucoup à apprendre. »