Première ligne
La revue Web des GIMF, soutenue par la FMOQ
Numéro 2, septembre 2011

Puvirnituq : la première ligne à l’état pur

En route vers Puvirnituq, c’est la pureté de l’air, en escale à Kuujjuarapik, qui surprend toujours, les arbres disparaîtront bientôt pour nous laisser entrevoir des horizons infinis. La beauté et la pureté de la toundra inspirent. Au Québec, on oublie trop souvent qu’on n’a pas besoin de traverser de frontières pour se retrouver « ailleurs ».

Nombre de médecins de famille : 4

Lieu de travail : Centre de Santé Inuulitsivik, un hôpital de 25 lits incluant une unité de naissance où travaillent des sages femmes inuites. Ce centre est affilié à McGill.

Capacité d’accueil : 1 résident et 1 externe pour leur stage de région en médecine familiale, pour chaque période.

Milieu : Le centre est basé dans un village de 1500 habitants et accueille des patients de 7 villages Inuit dispersés sur la baie et le détroit de l’Hudson (pop 6000 à 7000).

Description des stages : Les externes et résidents en stage chez nous travaillent à l’unité d’hospitalisation, font des suivis de médecine familiale, de l’urgence, des visites à domicile, de l’obstétrique, des évacuations médicales, des visites en dispensaires sur la côte… Les tâches sont en fait aussi diversifiées que le sont les conditions de nos patients, puisque nous sommes, à plusieurs centaines de km à la ronde, les seuls spécialistes.

Côté habiletés : Les habiletés qu’on doit développer sont sans frontières, unique à la pratique en région isolée – on nous appelle pour un accouchement en siège impromptu, un bébé en détresse respiratoire, une fracture instable ou un glaucome aigu… Un transfert en centre spécialisé peut prendre des heures sinon des jours, au pays des blizzards. Nous collaborons avec les équipes de trauma, d’urgence et les spécialistes du CUSM qui nous offrent un support téléphonique 24h sur 24 pour des conseils, guidance et prennent en charge nos patients lorsqu’un transfert s’avère nécessaire.

Côté culturel : Nous développons des liens forts avec nos patients et leurs familles, en suivi longitudinal. Les résidents se voient initiés à la pratique transculturelle à un niveau différent de ce qu’on connaît dans les centres urbains, où nous sommes Qallunaat – étrangers – et devons adapter nos guides de pratique aux patients de manière beaucoup plus éloquente qu’au « Sud ». Les Inuits sont un peuple généreux et accueillant, et leur culture est fascinante et gagne à être connue.

Côté multidisciplinaire : Nous travaillons également avec des infirmiers qui prennent en charge de manière autonome plusieurs pathologies et conditions communes. Ainsi, nos étudiants et résidents apprennent à travailler en équipe, à échanger des connaissances et compétences non seulement entre eux, mais aussi avec les autres professionnels, désireux d’accroitre leur autonomie en clinique. Un point nous rassemble : nous œuvrons tous un jour où l’autre hors de notre zone de confort… Le travail d’équipe devient essentiel.

Chaque année, plusieurs résidents reviennent pratiquer au Nord, certains s’y établissent et d’autres reviennent en « dépannage ». Une chose est certaine, la pratique y est fascinante et la piqûre du Nord, contagieuse!

Pour faire des stages ou avoir davantage d’information sur la pratique nordique : venez nous voir à la journée carrière ou écrivez-nous à depan.puvi@ssss.gouv.qc.ca. Nous acceptons les stagiaires hors réseau Mc Gill selon les disponibilités à l’horaire, notre stage est très populaire!

Comment s’y prendre? Envoyez-nous vos disponibilités en mars-avril par courriel, à l’attention du responsable de l’enseignement. Les places sont attribuées en mai, quand nous finalisons l’horaire avec Mc Gill pour l’année académique suivante.

Véronique Morin, médecin de famille, responsable de l’enseignement clinique
Propos recueillis par Jean-François Couture, R1 en médecine familiale à l’UMF de Gatineau