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« Pour réellement entrer en contact avec ces gens et pouvoir les soutenir, il faut avant tout établir un lien de confiance avec eux. »

La médecine familiale pour le bien des communautés négligées

imgNous avons constaté que certaines populations locales n’étaient pas prises en charge adéquatement par le système de santé québécois. Certains patients ne se présentent pas à l’urgence à temps, par peur d’être jugés par le personnel médical, entre autres, ou encore par manque de compréhension de leur couverture médicale. Devant cette réalité des populations locales négligées, un groupe d’étudiants a pris l’initiative de créer des stages d’observation pour les étudiants au pré-clinique dans certains milieux, avec pour objectifs de briser les préjugés, de mieux comprendre les besoins et spécificités de ces populations et de stimuler l’intérêt des étudiants pour travailler auprès d’elles dans leur pratique future. À l’été 2011, 14 étudiants de l’Université de Montréal se sont lancés à la découverte de populations autochtones, migrantes et urbaines du Québec dans le cadre du projet INcommunity, immersions en communautés négligées.

Travailler dans ces milieux, auprès des différents organismes et intervenants, nous a ouvert la porte sur une pratique stimulante et peu connue. Les étudiants ont eu la chance de goûter à l’importance de la pratique interdisciplinaire en côtoyant une multitude d’intervenants. Ils ont également pu voir les possibilités qu’offre la médecine familiale centrée sur des milieux défavorisés et des populations négligées.

Si une approche plus globale est essentielle envers toutes les classes de la société, cela devient particulièrement évident chez les populations négligées, qui s’avèrent souvent être des cas extrêmement complexes qui nécessitent la capacité d’analyse et les connaissances globales d’un médecin généraliste. La médecine de rue, par exemple, peut prendre en charge un patient avec maladies infectieuses reliées à un problème de toxicomanie indirectement causé par des problèmes psychologiques beaucoup plus importants, dont les composantes sociales et environnementales ne sont pas à négliger.

La gestion des maladies chroniques demande de faire preuve d’une grande dose d’originalité lorsqu’il s’agit de discuter avec le patient d’habitudes de vie, de contrôle de glycémie et de saine alimentation dans la réalité de la rue. Il est aussi extrêmement stimulant pour un médecin de comprendre comment les conditions socioéconomiques, culturelles et politiques de certains peuvent être un frein au maintien de leur propre santé. La médecine familiale est une porte ouverte sur une myriade de pratiques stimulantes et différentes. Si certains croient encore que la médecine générale est inférieure aux spécialités, les problématiques des populations négligées offrent un exemple des défis auxquels des généralistes peuvent faire face.

C’est également une pratique qui demande beaucoup d’humanité. Pour réellement entrer en contact avec ces gens et pouvoir les soutenir, il faut avant tout établir un lien de confiance avec eux. Ces gens sont souvent isolés et en marge de la société bien souvent suite à des circonstances hors de leur contrôle. Ils peuvent manquer de réseau social et sont tentés d’éviter tout contact avec des organismes et le système en général, de peur de faire face à encore plus de jugement et d’exclusion.

Gagner leur confiance, alors que nous faisons partie d’un système qui tend à les persécuter, n’est donc pas une mince affaire, bien qu’il s’agisse d’une étape primordiale. Il faut ensuite savoir comment les aider et vers quelles ressources les diriger. Suite à leur stage, les participants d’INcommunity ont maintenant une meilleure connaissance et compréhension des différents organismes et ressources disponibles à Montréal. Ils sont maintenant mieux formés en gestion de crise, en médecine traditionnelle autochtone ou encore en ce qui a trait aux politiques d’assurance maladie pour les migrants.

Être médecin de famille et orienter sa pratique vers des populations négligées, c’est entre autres devenir le chef d’orchestre d’une banque de ressources à mettre le plus judicieusement possible à la disposition de ses patients. Pour ce faire, il faut savoir ce qui se passe dans sa propre communauté et briser les processus de stigmatisation. La médecine sociale est l’art de la multidisciplinarité à travers une pratique humaine.

Pour en apprendre d’avantage ou si vous avez des questions, n’hésitez pas à nous écrire à l’adresse suivante, ou encore, à réserver un mois de votre été pour un stage INcommunity : incommunity@ifmsa.qc.ca

 

Collaboration spéciale de Marc-André Lavallée, Université de Montréal

 

Dans ce numéro

Milieux de stage

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Environ 7 médecins de famille y travaillent de façon permanente et plusieurs médecins « dépanneurs » viennent prêter main-forte. Des résidents et des externes peuvent aussi y faire des stages. Les étudiants touchent à tous les services offerts par le Conseil cri de la santé : clinique sans rendez-vous, département de médecine (environ une trentaine de lits), clinique de santé communautaire (diabète, hypertension, suivis de grossesse), soins à domicile ou encore hémodialyse.+

Variétés de pratique

Chaque numéro de Première ligne vous fait découvrir deux pratiques de la médecine familiale. Accédez aux modes de pratiques présentés dans les numéros précédents :

L'urgence
Entrevue avec Dre Virginie Plante du Centre hospitalier du Nord de Lanaudière
Le bureau
La technologie au service du patient
Les soins intensifs
Dr Claude Rivard, chef du service des soins intensifs du CSSS Pierre-Boucher
L'obstétrique
Quand couper le cordon crée des liens indéfectibles

INcommunity 2011

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« Travailler dans ces milieux, [...] nous a ouvert la porte sur une pratique stimulante et peu connue »